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La vallée de Nyo

"Et voilà." 

Kenshin prononce haut et fort, comme s'il venait de battre le record du monde de soulevé de terre, battu le meilleur épéiste de tout, déplacé un arbre à mains nues ou n'importe laquelle d'activité que ce soit qui consiste à prouver aux autres que l'on est le male alpha du troupeau.

Alors qu'il nous a seulement conduis à la vallée, où il est né et a littéralement passé les 3/4 de sa vie, pas un exploit bien exceptionnel pour le coup.

Surtout que lorsque l'on a besoin de trois essais pour se rappeler où l'on habite, on évite de la ramener normalement. 

Enfin bon, c'est le charme du personnage... j'imagine.

"Alors ?"

Je tourne légèrement ma tête sur la gauche pour voir Kenshin, sourire aux lèvres, me montrer ce que l'on peut apercevoir depuis notre petite colline, une expression de "Pas mal hein ?" collée à son visage. 

Je l'ignore pour plutôt me concentrer sur cette vallée que je peux enfin voir de mes propres yeux, en espérant que cela fera taire mon compagnon de route ressemblant de plus en plus dans mon esprit à un Gaston de la belle et la bête (le fusil et les muscles en moins) à propos de l'incroyable magnificence qui semble-t-il entoure son lieu de naissance. 

Et en réalité ? Mouais...

C'est joli mais bon, une vallée de champs composée de deux-trois hameau par-ci par-là, une montagne de la taille de mon ancienne nourrice, gros et bien large au moins, puis un château à peine plus grand que mon école qui siège bon gré mal gré au sommet de celle-ci. Sympathique à voir lorsque tu passes, mais sans plus. 

C'est à peu près les seuls termes plus ou moins respectueux qui me viennent à l'esprit pour parler de cette vallée de... Nyo... c'est ça, Vallée de Nyo.

Suis-je étonné ? Pas vraiment.

"Magnifique." Je réponds d'un ton plat, partagé entre mon envie d'exprimer ma presque déception, mon envie de titiller les nerfs de celui m'ayant tant vanté cet endroit que je pourrais presque appeler trou du cul du monde si je ne me souvenais pas de l'endroit d'où je venais (et qui serait donc très hypocrite de ma part.) et mon besoin quasi vital d'éviter que cet énergumène-là me fasse encore plus mal aux oreilles à force de blablater.

"Je sais..." L'énergumène en question réplique avec assurance ne semblant pas avoir capté la minuscule ironie présente dans mon discours.

"Ce château a été construit par mes ancêtres il y a plus de mille ans, mille ans tu te rends compte ? Enfin non, pas vraiment mes ancêtres, ils ont bien construit mais ils ne sont pas les propriétaires, juste de simples travailleurs, bien que le terme de base soit esclaves mais bon on s'en fout, tu imagines si c'était le cas ? Se serait proprement génial ! Et pas vraiment mille ans non plus, plutôt entre neuf et douze siècles, on sait plus trop, on avait une bibliothèque où toutes ces dates et histoires de familles et de trucs et de châteaux étaient notés, mais ils ont cramés dans un incendie il y a dix ans, normalement il y avait le bibliothécaire, les anciens et les érudits qui savaient encore, mais ils ont brulés dans un autre incendie survenu deux jours plus tard lorsqu'on a commencé à reconstruire le palais jour et nuit et qu'on utilisait donc des lampes à huile, et les lampes à huile qu'est-ce que ça crame, ça je peux te le dire, donc personne ne se souvient vraiment. Après ce dont je me souviens moi, mais que d'autres disent que c'est faux, alors que c'est vrai, c'est que..."

"Au moins je n'ai plus besoin de même essayer de participer à la conversation." Je tente de trouver du positif là où je peux en trouver et commence à marcher en direction de la place forte, sans trop me presser mais tout de même en réalité, peut-être aidé par le fait que mes oreilles commencent sérieusement à bourdonner pour une raison que j'ignore.

C'était de l'ironie...

Kami, pourquoi ma vie se résume à devoir supporter d'incessants bavards...

Et le pire c'est que je finis presque par les apprécier avec le temps, peut-être est-ce une sorte de réaction psychologique de mon cerveau afin d'éviter de sombrer, ou bien c'est dire à quel point toute cette merde de quatrième grande guerre commence à me rendre fou.

D'ailleurs c'est la quatrième ? Ou bien la deuxième ? Ou bien la troisième ? J'ai quelque peu oublié, bien que je n'aie jamais cherché à comprendre en premier lieu.

Voyons voir, ce n'est pas la première grande guerre shinobi, qui est un genre de terme de ce monde pour designer ces battle royal en règles que se mènent les grands villages cachés en groupe un peu partout en même temps sur le continent, ne pouvant être comparé qu'aux guerres mondiales de mon ancien monde, ce n'est probablement pas la première car il y avait le type aux milles arbres qui passait sa vie à négocier pour la paix et tabasser mon grand-père.

Mais dans le même temps c'est la douzième guerre de plus ou moins grande ampleur auxquels mon village participe. Et peut-être la trentième si on compte aussi les guerres dites mineures, n'impliquant que peu de combats, se résolvant très vite ou opposant seulement deux voire trois villages de taille ridicule (le mien compte malheureusement dans cette liste).

Mais, est-ce que cela compte les guerres civiles ? Car si je me souviens bien de mes cours, on en a eu une ou deux tout au long de notre histoire...

Et si oui... je me souviens que plus d'une fois les autres puissances sont intervenues dans celles-ci... doit-on donc compter cela comme double ou comme une seule guerre ?

Et que fais-t-on des fois, qui sont aussi plus d'une, où Taki a décidé de changer de veste et trahis ses anciens alliés façon Italie ? Parfois en plein milieu de la guerre... Est-ce que cela compte comme une guerre simple ou deux guerres successives n'ayant aucun lien entre elles ?

En fait je viens de me rendre compte que je m'en fiche.

"Oui ?"

Je réponds automatiquement à un tapotement sur mon épaule, sorti de ma rêverie par le geste discret de Kenshin, regardant enfin le garde devant moi, celui-ci obstruant le chemin menant à un portail en bois de taille modeste ouvrant le passage à un chemin de quelques dizaines de mètres menant plus en profondeur à l'intérieur du petit palais.

"Désolé Kyoshi..." Kenshin reprend alors d'un air légèrement gêné, semblant sur le point de continuer, je l'en empêche d'un geste de la main.

"Ne le sois pas..." Je dis d'un ton plat alors que je fais demi-tour, quittant les deux hommes pour redescendre plus bas dans la vallée.

De toute manière je ne vois pas ce que j'aurais pu faire là-bas... rencontrer le daimyo de service de cette vallée qui m'était inconnue il y a à peine une bonne semaine ne m'intéresse pas tant que ça.

Que Kenshin fasse les révérences, les louanges et le petit rapport, voire la petite sucette au daïmyo, s'il y est malheureusement obligé, je lui laisse tout cela avec plaisir, ainsi que la petite gloire que lui rapportera un exploit de ce genre.

Après tout, c'est comme cela que l'on avait conclus quelques jours plus tôt, j'ai déjà suffisamment de problèmes avec mon village, que je sois connu tant dans mon village qu'à l'international comme le type ayant zigouillé un des épéistes de la brume, non merci. On n'oublie pas l'objectif, éviter les problèmes, grandir en silence, puis se barrer. 

Je n'ai pas passé 80% de ma vie à emprunter une apparence différente de la vraie juste pour qu'au final celle-ci m'apporte plus de problèmes que l'ancienne.

Enfin bon...

Je suis tout de même choqué du manque de civilité de ce village. Je pense cela tout en me retournant pour voir le garde de la porte me fixer toujours dans le blanc des yeux malgré les deux-cents mètres de colline ainsi que le village qui me séparent de lui.

Vraiment bizarre, à croire qu'ils ne me font pas du tout confiance, même pas assez pour me donner l'hospitalité... c'est vraiment un manque de respect. Tant de min village que des traditions. Où va le monde ? 

Ce n'est pas comme si mon village avait une si mauvaise réputation que ça...

Attends voir... si je me souviens bien, Taki n'aurais pas fait assassiner un daimyo lors d'un souper diplomatique il a quelques années ? 

Je me souviens que cela a fait tellement de bruit que même encore aujourd'hui on en parle encore, ce serait même la raison pour laquelle la plupart du temps, ninja de Taki et de la feuille, bien qu'étant allié dans la guerre et partageant le même camp militaire, s'évitent normalement, surtout lorsqu'il s'agit de dormir.

Enfin bon, ce Daimyo avait qu'à avoir une meilleure garde rapprochée, ou une meilleure intuition... je suppose.

Comment il s'appelait déjà ?

Ah oui, Michio, Michio Nyo...

...

D'accord, je pense comprendre maintenant.

"Moins ça explique la quasi-crise cardiaque du boulanger." Je pense en mordant dans la sorte de double crêpe aux haricots que je viens d'acheter. Le type en question étant devenu livide lorsqu'il a posé les yeux sur ma plaque.

Bon dieu que la nourriture de l'ancien monde me manque. Pas que je mangeais bien mieux à l'hôpital.

Hmmm ? 

Je laisse un temps la pensée des pâtisseries, éclairs aux chocolats, macarons et autres couques aux chocolats pour à la place me concentrer sur un chakra que ma connexion avec la terre vient de percevoir, un chakra particulièrement étrange... puissant, bien plus que ce que je peux sentir chez ces réserves d'insectes que sont les civils, mais à la fois moins... vivant, comme si ce n'était qu'une trace laissée par le chakra même d'une personne, laissée dans la terre même, à force de vivre là durant plusieurs mois, corrodant le tout de son pouvoir.

Mais ce n'est pas ce qui m'interpelle le plus, le deuxième étant la nature très sombre de ce chakra, au niveau de ce que j'ai pu découvrir quelques jours plus tôt. 

Le dernier point piquant mon intérêt étant où se situe ce chakra, c'est à dire littéralement plusieurs dizaines de mètres sous terre, bien enterré profondément, loin de tout accès à l'air libre. La connexion que j'ai avec la terre et la technique de capteur que je possède via mes pieds en contact avec le sol ne rendant possible le captage de cette énergie sombre qu'à ma personne. 

Hm, intéressant.

"Y a-t-il une série de tunnels dans la région, ou quelque chose qui peut s'en rapprocher ?" Je demande en me tournant vers le boulanger faisant ces délicieux petits trucs, comment les gens d'ici appellent cela ? Peu importe... Celui-ci se redressant de suite avant de me répondre, clairement tout à fait à l'aise. 

"Si je me souviens bien, je ne peux penser qu'à l'ancienne mine situé derrière cette montagne, shinobi-sama. Mais elle est condamnée depuis une série de morts parmi les travailleurs..." Ce dernier me dit avec empressement, piquant d'autant plus mon intérêt.

"Sait-on pourquoi ?" 

"J'ai ouïe dire que plusieurs mineurs avaient tour à tour succombés sans la moindre raison apparente, si je me souviens bien, le médecin que nous avions engagé avait conclu à un empoissonnement, ce qui a fait penser aux daimyo et aux anciens que les travailleurs avaient par erreur fais une brèche dans une poche de gaz, ou quelque chose comme ça, je n'en sais trop rien."

Il m'explique, tandis que je me ressers d'un autre de ces pates bien délicieuses, cela creuse d'écouter.

"En tout cas ce que je sais, c'est que maintenant elle est définitivement condamnée."

Encore mieux, au moins cela évitera les conversations gênantes avec les gars de la mine pour savoir pourquoi je veux aller deux cents mètres sous terre.

"Merci beaucoup." Je dis en posant quelques ryos sur son comptoir, un peu plus que ce que ne coutent les deux galettes, en guise de remerciement. Et pour son pantalon.

Je me retourne quelques secondes pour jeter un œil au château situé en amont avant de revenir à ce qui vient d'attirer mon attention, ces gens là-haut en ayant encor pour un bon bout de temps de conversion et d'éloges avant de remarquer mon départ. Et n'ayant en plus pas vraiment de raison de me fliquer, si ce n'est les quelques inimités passées entre nos deux nations.

Et dans le pire des cas, un de leur garde se perdra sur son chemin de ronde et tombera par accident dans un tunnel de mine pour y mourir écrasé par un éboulement. C'est la vie.

Ou plutôt la mort, mais repassons.

Finalement, il avère que ce "pays" est peut-être légèrement moins ennuyeux que je ne l'imaginais.

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Note de l'auteur.

Salut

Je tenais simplement à m'excuser pour l'attente extrêmement longue, je suis désolé de voir avoir laissé sans nouveau chapitre ou nouvelles durant des mois entiers.

Les raisons sont multiples, que ce soit la charge de travail que mes études me demandent, un manque d'envie que j'avais précédemment de recommencer ainsi qu'un très gros syndrome de la page blanche m'ayant stoppé et dans toutes mes histoires, qu'elles soient sur webnovel ou non.

Quoiqu'il en soit, voici la reprise, encore mille excuses pour cette longue absence.

Ps : Un des problèmes m'ayant stoppé dans la continuation de ce récit étaient les nombreuses contradiction et problèmes que j'ai installé dans les premiers chapitres de ce novel, qui étaient écrit dans un esprit bien différent qu'ils ne le sont maintenant. Je compte donc récrire certains de mes précédents chapitres afin de corriger ces erreurs, contradiction ou simplement passages que je n'apprécie plus. 

Je ne vais pas non plus rayer des chapitres entiers, juste simplifier certaines choses et en annuler d'autres.

A la prochaine fois.