1 Mon sourire

Bam !

Le sol était froid.

Bam !

Une douleur intense s'emparait de mon estomac.

Bam ! Bam ! Bam !

J'avais un goût de fer dans la bouche.

« Hahaha ! »

Des rires raisonnaient dans mes oreilles.

Je tentai de me lever.

Mes jambes tremblaient.

Je n'avais plus de forces et j'avais des vertiges.

Bam !

Un coup de pied me renvoya à terre.

Je retombai lourdement sur le sol, blessé par les graviers.

Leurs voix me paraissaient lointaines.

« Eh ! La poupée. »

Une main m'attrapa les cheveux et souleva ma tête.

Le visage de mon agresseur me semblait flou.

« Bah vas-y. Souris-moi comme tu le fais d'habitude. Tu ne peux pas ? »

Je lui souris, découvrant la dent qui avait été cassé tout à l'heure.

Dégoûté, il s'écarta.

« Pathétique. »

Avant de partir, il ajouta.

« Nettoie un peu tout ce sang. Comme je suis généreux, je vais te laisser partir. Et rapporte-moi une boisson ! »

Depuis que je suis petit, je me fais harceler.

« Mon chéri ! Ça va ?! s'inquiéta ma mère en me voyant rentrer

- Oui, ce n'est rien. Je suis seulement tombé. »

Je souris, car c'est la seule chose que je sais faire, la seule chose que j'ai toujours faite. On me méprise pour cette raison, on m'a même donné le surnom de "poupée", mais c'est ma façon de me protéger.

Ma mère me regarda avec pitié avant de me dire :

« D'accord. Mais dépêche-toi de te laver avant que ton père arrive. Et enferme-toi dans ta chambre, sinon- »

Elle ne termina pas sa phrase.

Mon père la battait. Elle avait peur de lui.

« Je sais. la rassurai-je

- Mais ne lui en veux pas. Ce n'est pas de sa faute. Il est juste un peu stressé en ce moment. Je suis suis sûre que tout va s'arranger...

- Je sais. »

Ma mère tomba malade.

Nous n'avions pas beaucoup d'argent.

« Ton lycée m'a appelé parce que je te battais, tu m'as balancé, c'est ça ?! Je vais encore devoir trouver une école qui voudra bien accepter un bon à rien comme toi ! »

Une des colères de mon père m'envoya à l'hôpital.

J'ouvris les yeux.

Le plafond était blanc.

Ce n'était pas ma chambre.

À côté de moi, l'infirmière remarqua que j'étais réveillé.

« Vous m'entendez ?! Attendez, je vais chercher le docteur. Le patient s'est réveillé ! » s'exclama-t-elle

Un homme en blouse blanche arriva.

« Vous allez bien ? Avez-vous mal quelque part ou...

- Qu'est-ce qui s'est passé ? » demandai-je

Je tentai de me redresser.

« Ne vous relevez pas. Vous avez été dans le coma pendant 3 mois. Une enquête nous montré que vous étiez abusé et vous allez être placé en famille d'accueil. Vous n'avez plus rien craindre. » dit-il

Un matin, je me suis réveillé dans un hôpital, tous mes problèmes étaient réglés, comme dans un rêve.

J'ai alors commencé la rééducation et j'ai eu un suivi psychologique.

Un jour, je me réveillai au milieu de l'après-midi. L'infirmière n'était pas là et je décidai de me rendre seul à la salle de rééducation.

Après plusieurs minutes, je m'arrêtai.

J'avais un très mauvais sens de l'orientation.

« Vous êtes perdu Monsieur ? »

J'entendis une voix derrière moi et me retournai.

« Non, j'allais à la salle de rééducation.

- C'est de l'autre côté du bâtiment. rétorqua la petite fille

- ...

- Voulez-vous que je vous emmène ? » proposa-t-elle

J'hochai la tête.

« Comment tu t'appelles ? demandai-je

- Je m'appelle Lina, et vous Monsieur ?

- C'est un joli prénom. Moi c'est Arthur. »

Un silence s'installa.

« Pourquoi es-tu dans cet hôpital ? continuai-je

- J'ai un cancer en stage terminal. Je vais mourir bientôt.

- Ah. »

Elle s'arrêta.

« On est arrivés, Monsieur.

- Merci. »

Le lendemain :

« Bonjour, Monsieur Arthur. dit Lina

- Bonjour.

- Vous vous êtes encore perdu ? »

Je souriais, gêné.

« J'étais pourtant sûr que c'était le bon chemin...

- C'est pas grave, on se sent un peu seul ici de toute façon. Venez, je vais vous guider.

- Vraiment ? Dans ce cas-là, je te rendrai visite la prochaine fois.

- Oui, et vous demanderez à une infirmière de vous montrer le chemin aussi, "la prochaine fois".

- ... »

C'est ainsi que nous sommes devenus amis.

« Monsieur Arthur-

- Tu peux enlever le "Monsieur".

- ...D'accord. J'ai appris un tour de magie l'autre jour, tu veux que je te montre ? »

Lina avait des étoiles dans les yeux.

« Si tu veux, je connais aussi quelques tours, je pourrais te les apprendre. proposai-je

- D'accord ! »

Elle commença à attendre mes visites avec impatience.

« Arthur ! Tu peux me lire une histoire ? »

Une fois, elle m'a dit que personne ne venait la voir. Elle n'avait pas de famille.

« Arthur. annonça-t-elle d'un air sérieux, Voici un plan de l'hôpital, tu vas essayer d'aller à la cafétéria tout seul. Mais je te suivrai au cas où tu te perds.

- ...Ça a l'air de t'amuser. »

Nous nous sommes rapprochés.

« Arthur ! C'est de l'autre côté !

- Ah, ok. »

Assis sur un banc, Lina me disait :

« Je n'ai pas envie de faire cette opération.

- Pourquoi ?

- Ça me fait peur. » avoua-t-elle

Je lui caressai la tête.

« Tu sais, ma mère aussi était malade.

la confortai-je

- Ah bon ?

- Oui. À l'époque, nous n'avions pas assez d'argent pour la soigner, donc elle est morte. Alors, j'aimerais bien que tu fasses tout ce qui est en ton pouvoir pour aller mieux, puisque tu en as les moyens.» conclus-je

Lina semblait hésiter.

« Tu sais quoi ? » soupirai-je

Elle tournai la tête vers moi.

« Tout se passera bien, parce que je serai à tes côtés. »

La petite fille sourit.

« Ok ! Ne sois pas en retard ! » s'exclama-t-elle

3 jours plus tard, son opération eu lieu.

Au final, je me perdis encore une fois.

Après beaucoup de persévérance, je finis par demander à une infirmière de m'emmener où était Lina.

Quand je suis arrivée, on m'a dit qu'elle était morte. L'opération avait échoué.

Je pensais à elle, qui avait dû m'attendre, pensant que je viendrais.

Elle, qu'on endormit pendant qu'elle gardait espoir que je vienne lui tenir la main pendant son sommeil.

Elle, l'amie avec qui j'avais passé les derniers jours, qui mourrait tandis que je ne venais toujours pas.

Je me souvenais aussi des mots que je lui avais dit.

[À l'époque, nous n'avions pas assez d'argent pour la soigner, donc elle est morte. Alors, j'aimerais bien que tu fasses tout ce qui est en ton pouvoir pour aller mieux, puisque tu en as les moyens.]

Serait-elle toujours en vie si je ne lui avais pas dit ça ?

Je souvenais de la promesse que je n'avais pas tenu.

[Tout se passera bien, parce que je serai à tes côtés.]

Et je continuai à sourire, parce que c'était tout ce que je savais faire.

Peu de temps après, je retournai au lycée.

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