9 ~ Retour à la maison ~

"Ahhhh, nous y sommes..." Je dis tout haut à l'intention des deux moustiques sur mes épaules, en voyant le toit du dojo de papa se désigner peu à peu à mesure que je franchis la dernière petite colline nous séparant du petit village dont il s'est fait le chef pour je ne sais quelle raison altruiste ou égocentrique.

Le petit endroit n'étant plus qu'à quelques simples pas de distance, pour moi, bien évidemment.

"Tiens donc..." je fais en sentant l'énergie de mes deux compagnons fluctuer violement à mes paroles.

"On a pas envie de voir sa maman ? Quels fils indignes." Je dis d'un ton faussement déçu pour mieux me moquer des deux compères.

"J'ai surtout pas envie de mourir." Asura répond, avec une expression entre l'énervement et l'anxiété, comme si son pire cauchemar pouvait débarquer d'une minute à l'autre.

"Eh ben, croyez-moi que c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ça." Je fais en souriant, plombant d'autant plus le moral des deux gaillards.

"Indra ! Asura !" Une voix féminine et terriblement énervée retentit du fond de la maison maintenant toute proche, mettant directement fin à la conversation.

"Ah quand on parle du loup..." Je murmure tout en frissonnant légèrement au son de ce funeste appel, annonçant la fin prochaine de l'existence de mes petits frangins.

Ceux-là en question n'ont même pas le temps de me répondre que la porte d'entrée du petit palais s'ouvre en grand fracas, presque explosé sous la fureur du "loup".

Une gracieuse et splendide trentenaire aux longs cheveux noirs et aux airs de princesse se découvrant à nos yeux, arrachant presque la porte de ses gonds sur son passage.

"Ah... bonjour mère" Asura fait, une fois que je les ai posé lui et son frère, tout en se grattant l'arrière de la tête. Clairement pas à l'aise et en manque de mots.

Et je ne peux que le comprendre.

Indra lui a, comme d'habitude, préféré une autre approche du problème.

"Nous avons mal agis mère, toutes nos excuses." Celui-ci implore avec un ton assez calme, malgré la peur évidente que l'on peut facilement voir en lui, tout en se prosternant comme s'il avait gravement fauté.

Il y eu alors quelques secondes de flottement où la nouvelle arrivante reste totalement silencieuse, faisant finalement souffler de soulagement et redresser la tête à Indra dans sa direction, juste avant qu'il ne reçoive un bon gros coup de poing sur le haut du crane pour unique réponse de la part de la femme, le faisant directement tomber dans les pommes.

Asura à peine le temps de rire face aux déboires de son frère qu'il prend exactement un châtiment identique à ce dernier avant même de pouvoir réagir. Le propulsant sur quelques mètres et le mettant dans un état similaire.

"Sayuri !" La femme se retourne comme de rien n'était en direction de la maison pour appeler d'une voix forte, une autre femme, celle-ci dans la vingtaine, accourant à toute vitesse pour se mettre à la hauteur des deux évanouis.

"Peux-tu s'il te plait amener ces deux idiots dans la cuisine ?" La première continue poliment malgré son expression trahissant facilement son énervement.

"Histoire qu'ils puissent réparer leurs imbécilités et apprendre la vie."

La servante se penche alors rapidement, visiblement inquiètes pour les deux gugusses avant d'un ramasser un et de le trainer hors de ma vue.

Effectivement, je ne pense pas qu'ils vont passer une bonne semaine.

"Encore merci de m'avoir aidé avec ces deux-là, Shukaku-kun." La maitresse revient vers moi avec un grand sourire, la moindre trace de contrariété disparaissant de son visage comme si rien de ce que je n'avais vu ces dernières minutes ne venait juste de se produire.

"Et désolé d'avoir du t'imposer cela. C'est tellement inapproprié de ma part de demander ça à mon invité."

"Ce n'est rien Haruki-san." je balaye ses excuses d'un geste désinvolte de la main, provoquant sans le vouloir un léger vent dans le coin, faisant se balancer des arbres non loin.

"Tu sais très bien que c'est toujours un plaisir de chasser tes deux petits."

"Je t'en prie." Haruki continue d'un air gêné, remettant ses cheveux en place.

"Tu sais très bien que tu n'as pas à être si formel avec moi, je suis ta belle-maman après tout. Appelles-moi Haruki tout simplement, comme je te le demande si souvent."

OK belle-maman.

"D'accord Haruki tout simplement." Je réponds avec un sourire narquois, faisant se figer la femme de mon père quelques secondes avant d'exploser dans un rire qui même moi pourrait me faire mal aux oreilles. C'est dire son degré de décibel.

"Ah..."Elle fait d'un air enjoué une fois son rire terminé

"Quel plaisir c'est à chaque fois de te parler, si seulement je pouvais mettre au monde des fils aussi plaisants, polis, dignes, attentionnés et avec autant d'humour que toi. Cela me changerait de ces fils indignes."

Tiens, fils indignes ? On dirait que l'on y retourne toujours.

"Pour votre propre sécurité et bien-être." Je réponds, doté d'un sourire encore plus grand qu'avant dû au compliment qui me va droit au cœur.

"Je ne vous espère pas de mettre au monde quelqu'un "comme moi"." Je finis, provocant un nouveau esclaffement de la part de ma mère préférée.

"Alalala..." Elle refait comme quelques secondes plus tôt, mais cette fois avec de l'interrogation en plus sur son visage.

"Comment quelqu'un comme ton père, avec un si gros balais dans le cul, à bien pu avoir un fils aussi plaisant à vivre ? Franchement cela me dépasse."

"Il faut bien que quelqu'un le fasse." Je continue avant de déplacer mon regard bien plus sur la gauche, ayant sentis la rapide arrivée de l'homme en question.

Visiblement, l'expression "Quand on parle du loup" semble être de mise aujourd'hui

"On parle de moi ?" Demande mon demi-dieu de papa en arrivant, bien en sûr en flottant de manière lente et élégante, comme l'égocentrique Gandhi d'Ali express qu'il est.

"Nooon." Je rétorque en levant les yeux au ciel.

"On parle du facteur."

"Shukaku. Qu'est-ce qu'un facteur ?" Celui-ci me questionne d'un air confus. N'importe qui pouvant voir un point d'interrogation au-dessus de sa tête. Ou alors c'est mon imagination. C'est toujours difficile de savoir avec ce fan des illusions et du spectacle qui se trouve devant moi.

Il a à peine le temps de se poser qu'il reçoit le même cadeau de bienvenue que ces enfants, la seule différence étant que celui-ci ne le met pas à terre. Le forçant juste à se frotter le haut du crane sous la colère de l'expéditeur.

"Qu'est-ce que j'ai dit sur les fait de planer constamment dans le village ?" Haruki dis d'un ton très très désapprobateur.

"Et on se demande d'où les enfants tirent leurs mauvaises influences..."

Ahhhh, enfin quelqu'un d'accord avec moi.

Toujours la faute du vieux de toute manière.

"...En plus devant un invité, mais sans-gêne quoi !"

D'autant plus d'accord.

"Mais c'est juste Shukaku." Le vieux se défend d'un air confus.

"On le connais b..."

Il ne peut point continuer qu'il est coupé par un deuxième coup s'aplatissant sur sa tête.

Ce n'est qu'après quelques minutes de sermon que la dispute se calme, Haruki se retournant à nouveau vers moi, le même grand sourire collé au visage.

"Pardonne-le Shukaku, il ne le fera plus."

Je ne réponds juste que par un léger geste de chassement de la main, juste pour dire que ce n'était en aucun cas un problème. De toute manière voir mon paternel se faire sermonner par sa femme provoque en moi de bizarres sentiments contraires, entre l'amusant et une sorte de choc. Que je ne préfère pas faire durer plus que de raison, malgré la partie rigolote de ceci.

"Sur ce." Haruki conclus en se baissant rapidement devant moi avant de partir dans la même direction qu'avait prise la servante qui a emmené les gamins plus tôt.

"Tu m'excusera Shukaku, mais j'ai des enfants à discipliner." Elle finit avant de disparaitre, annonçant l'après-midi de terreur qui s'annonce pour les deux enfants en question.

"En parlant de ça." Rikudo reprend de son ton calme et habituel

"Nous avons beaucoup à discuter Shukaku, en privé de préférence."

"Très bien." J'acquiesce calmement, assez intrigué, puis pointant une montagne non loin pour nous. Ce à quoi mon paternel fait oui de la tête. Nous deux commençant à partir à cela.

"Attendez."

Nous sommes de suite arrêtés par une Haruki revenant à toute vitesse, se présentant avec la même pèche que d'habitude malgré son état un peu essoufflé.

"Quelle terrible hôtesse je suis." Elle dit d'un air désolé.

"je ne t'ai même pas offert à boire. Et ça tombe bien, nous avons une vendange de sake que nous venons de finir de préparer, la première du domaine que nous produisons."

Offert à boire ? On me l'avait jamais faite celle-là.

"Ce serait avec plaisir." Je commence d'un ton amusé, croyant totalement à une très bonne blague de sa part.

"Mais je pense ne pas être bien proportionné pour un "verre".

Et en même temps, cela fait tant d'années que je n'ai pu gouter à ça. Qu'est-ce que ça me manque, pas que j'étais spécialement accro à ce genre de truc avant.

Mais n'empêche, maintenant, ça donne presque l'eau à la bouche.

ou plutôt le sake.

Quel humour.

"Oh mais ça va." Haruki balaye comme si le petit détail de la taille n'avait la moindre importance

"Si tu veux, on a ça en baril."

En baril ? C'est intéressant ça.

"Mmmmm ?" Je fais tout en me tenant le menton de la main droite, devant un rikudo sennin plus que perplexe.

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