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Prologue

La douce brise hivernale fouettait délicatement mon visage. Pourtant, ici, la tension était à son comble. Tout le monde s'était réfugié dans des bâtiments, s'était enfuit ou se cachait, dans des endroits parfois insolites – on pouvait même entendre frémir une personne enfermée dans un tonneau !

Les gémissements de certains me chatouillaient l'oreille, autant que la respiration d'autres, apeurés, inquiets pour leur vie. La raison de cette désertion se trouvait face à moi.

Il me fallait lever les yeux pour apercevoir son crâne. Il était là, un filet de bave coulant de ce qui lui servait de gueule, mais qui ressemblait davantage à un trou sans fond.

On aurait tout à fait pu penser qu'un saut dans celle-ci équivaudrait à un aller simple vers l'enfer, et il y avait de quoi : la créature me faisait face, avec ses griffes acérées, son crâne allongé et sa dentition surdéveloppée, certainement capable de déchirer de la chair humaine.

Sa morphologie était relativement proche d'un très grand humanoïde, possédant un crâne de reptile. Sa peau était recouverte d'écailles sombres tandis que son dos était orné de grandes ailes de la même couleur. Il s'agissait d'un stigma.

A cet instant, il ne me restait que deux possibilités : tuer ou être tuée. Je dégainai mon épée.

Une mince aura bleuâtre illumina brièvement la garde de celle-ci et se propagea tout le long de la lame, émettant un petit son aigu. Je pris une profonde inspiration et me mis a courir, face à la créature. Le vent sifflait dans mes oreilles.

Je préparai une attaque sur son flanc droit. Je souhaitais atteindre la base de ses ailes, qui semblait moins résistante que le reste de son corps recouvert d'écailles. Passant le côté droit de mon adversaire en esquivant habilement une de ses attaques, j'abattis ma lame sur lui.

Des étincelles jaillirent suite à mon assaut, et le métal grinça. Ma lame s'était stoppée nette sur sa peau, pourtant sans défense à cet endroit. Même la partie qui semblait la plus souple de son corps résistait à mes attaques.

A cet instant, je n'entrevoyais plus qu'une possibilité : la mort. Mon cristal n'était que de première facture, un cristal générique, seulement intégré à mon arme. Constitué d'éther, son but était de canaliser l'énergie de son porteur. Malheureusement, celui-là ne me permettait pas de déployer suffisamment de puissance...

Profitant d'un bref instant d'inattention juste après mon attaque, il m'asséna un coup de griffe que je parai de justesse, m'envoyant valser quelques mètres au loin. Il possédait une force et une vitesse exceptionnelle, que je peinais à suivre.

Il s'agissait de la première fois que je me battais face à ce genre de créature, qui était pourtant assez courante dans ce monde. Mon souffle était court. Mon esprit me quittait. Et pourtant, je ne cédais pas à la panique. Au contraire, je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment, j'étais sereine. Cette attaque bien que parée, m'avait sonnée. Je n'étais plus capable de me relever, et encore moins de me battre. La créature s'approchait d'un pas lent, lourd, et semblait afficher un semblant de sourire sur son visage difforme.

Allongée, là, sur ce sol sale et recouvert d'un peu de mon sang, un pétale de cerisier me tomba sur le front. Un pétale ? Quelle idée : les cerisiers ne fleurissent pas en hiver, mais bien au début du printemps.

Regardant autour de moi, je remarquai la végétation qui poussait à une vitesse inconcevable. Le spectacle était magnifique : des roses aux cosmos, toutes les fleurs de toutes saisons semblaient réunies.

Seul un 'Porteur' possédant une quantité incommensurable d'énergie était capable d'un tel exploit.

Un autre 'Porteur' était donc dans les parages ? Mais où ? Je n'apercevais personne.

Soudain, un léger courant d'air me chatouilla la joue. Quelqu'un ou quelque chose semblait m'avoir frôlée à une vitesse telle que je n'ai rien eu le temps de voir. Je me retournai. Un spectacle étrange se présentait à moi : la créature qui jusqu'alors me semblait imbattable gisait là sur le sol, une entaille derrière la nuque. La végétation commençait à se retirer peu à peu, afin de laisser de nouveau place aux paysages mornes de l'hiver.

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