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Chapitre 7   …Si le loup y était…

 

Je n'avais jamais pensé pouvoir surprendre Alice, mais elle resta silencieuse quelques secondes avant de me souhaiter une bonne nuit en bégayant. Eh bien ça aura eu le mérite de les choquer suffisamment pour ne pas qu'ils s'interrogent sur la raison de mon appel à l'aide à Alice. Je me couche et m'endors rapidement. Le lendemain, Alice passe me chercher, non sans avoir organisé ma nouvelle garde-robe et assembleé des tenues pour la semaine de cours.

 

Nous passons la matinée dans sa chambre à discuter mode passée et à venir en riant comme des hystériques, interrompues uniquement par Esmée m'avertissant que mon déjeuner était prêt. Comme hier, personne n'a pris la peine de jouer la mascarade du repas et j'ai donc savouré mon assiette sans ressentir la moindre gêne. Emmett et Jasper m'ont proposé de jouer à la Xbox après le repas et je me suis laissée tenter. Jasper n'a pas arrêté de me lancer des regards en douce, mais je me suis concentrée sur la course de voiture, et il y avait fort à faire.

 

« Bella, rugit Emmett, t'es au courant que la ligne d'arrivée est de l'autre côté ?

C'est pas ma faute ! Après les tonneaux que tu m'as fait faire j'ai perdu le sens de la course, je râle. Rappelle-moi de t'offrir une boussole à Noël. Même avec je me perds… je murmure dans ma barbe, boudant un peu. »

 

Emmett éclate de rire avant de passer la ligne d'arrivée et de faire une danse de la victoire. Je me moque de ses mouvements grotesques et il m'entraine avec lui en riant. L'après-midi s'est ainsi déroulé dans la bonne humeur et je suis rentrée à la maison détendue et heureuse. Ni Edward, ni Rosalie ne se sont joints à nous. Carlisle travaillait à l'hôpital. Après une nuit reposante, je pars pour le lycée et vois la Volvo sur le parking ainsi que l'ensemble de la famille Cullen.

 

Après les avoir salué de loin, je me dirige vers ma salle de cours en sentant des yeux sur moi. Visiblement, Alice avait tapé dans le mille avec la tenue qu'elle m'avait recommandé ce matin par texto. Malheureusement, mon chien de berger attitré, alias Mike, était dans mon premier cours de la journée et m'a reluqué comme un os à moelle pendant une heure. Je jure avoir vu un peu de bave sortir de ses lèvres. Jessica assise à côté de moi, était dégoutée.

 

«Sérieusement ! Rage-t-elle. C'est un animal en rut ou quoi ?

Je suis désolée Jessica, je lui réponds, gênée. Je ne comprends pas son comportement. Je suis habillée normalement. »

 

Et c'était vrai ! J'avais certes mis une jupe, mais avec des collants opaques et un col roulé. On ne pouvait pas dire que ma tenue était provoquante. Jessica secoue la tête en me demandant de laisser tomber et se concentre sur le cours de trigonométrie. Lorsque l'heure se termine, une fenêtre bleue apparait :

 

« Quête secondaire : Tenir éloigné Mike de vous… Récompense : une invitation… Pénalité : une main sur les fesses… Durée : jusqu'à la prochaine sonnerie »

 

 Mike accourt à ma table pour m'offrir de porter mon sac. Je refuse poliment et sort de la pièce avec le pot de glue collé aux talons. Je croise Alice, l'attrape par le bras et nous partons vers les toilettes. Au dernier moment, le petit lutin bifurque dans une salle et referme la porte en me demandant de garder le silence. Après quelques secondes, elle me chuchote :

 

« Il va patienter devant les toilettes des dames jusqu'à la sonnerie, puis va se faire attraper par un surveillant.

C'est nous, qui allons nous faire prendre, je lui dis sur le même ton. Le professeur est absent. »

 

Sacré lutin psychique ! Ça m'aurait été tellement utile son don il y a 20 ans. La cloche sonne et elle se relève me tirant le bras droit. Je jure que si elle continue de le faire il va s'agrandir de plusieurs centimètres. Je prends alors le temps de regarder la salle où nous sommes. C'est la salle de musique. Il y a un piano sur le côté, ainsi que des placards clos, renfermant probablement partitions et instruments plus petits. Bella n'est pas inscrit au cours de musique. C'est dommage. J'aurais pu pratiquer en toute discrétion. A la maison, il faudra attendre que Charlie s'en aille pour ne pas griller ma couverture. De souvenir, Bella a pris quelques cours de piano et je ne me débrouille pas si mal moi-même. Je m'approche de l'instrument et passe ma main sur les touches.

 

« Tu veux jouer ? »

 

Je relève la tête vers Alice.

 

« Tu crois que je peux ?

-La salle reste ouverte pour permettre aux étudiants qui le souhaitent, de jouer quand il n'y a pas de cours, m'explique Alice. »

 

Je réfléchis quelques secondes et m'assois sur le banc. Je commence à jouer un des morceaux que je préfère, une version acoustique de Love The Way You Lie. Dès que les premières notes résonnent dans la salle, je me détends et commence à chanter. La chanson se termine et je lève mes yeux, me rendant compte que j'avais tout oublié de mon environnement, y compris le lapin rose Energizer qui me regarde avec excitation.

 

« C'était magnifique Bella.

Merci, mais je suis un peu rouillée. Il me faudrait un peu d'entrainement pour être un peu plus fluide. Viens t'entrainer à la maison. On a un piano à queue. »

 

Je m'apprête à refuser quand je pense au splendide piano que j'ai aperçu de loin lors de ma dernière visite. C'est vrai que ça doit être une autre sensation de jouer sur un tel instrument. Je soupire et Alice tape dans ses mains avec un sourire éclatant. Elle a déjà vu ma décision, évidemment. Je devais de toute façon venir chez eux ce soir pour faire mes devoirs de littérature. Au déjeuner, je prends mes habituels légumes, ma bouteille d'eau et, grande folie, un corn dog. Je prends mon plateau et m'apprête à rejoindre ma table habituelle quand je vois Alice me faire des signes. Je m'approche, curieuse et elle m'invite à sa table.

 

Mis à part Emmett qui me sourit, aucune des autres personnes à la table ne semble ravie par cette proposition. J'hésite quelques secondes, puis décide de laisser courir. Je m'assois et commence à discuter mode avec Alice, puis elle me dit qu'elle m'attendra à la sortie pour que je puisse la suivre avec le camion.

 

« Heureusement que j'ai mis des talons plats aujourd'hui, je lui fais remarquer. Ça serait difficile de jouer avec les bottines que tu m'avais conseillées au départ.

Vous allez jouer à quoi ? demande Emmett. On ne va pas faire du sport, Emmett, lui dit Alice. Bella va s'entrainer sur le piano de la maison. Tu joues ? nous interrompit Edward, qui desserrait les dents pour la première fois. Je suis un peu rouillée mais oui. Je suis plus guitare en fait. J'espère que je ne vous casserai pas trop les oreilles. Je suis sûre que tu t'en sortiras très bien, intervient Alice. Ce que tu as joué la dernière fois était magnifique. »

 

Je vois Edward faire un petit sourire, l'air distant. Je regarde Alice qui me fait un clin d'œil. Lui a-t-elle montré son souvenir ? Rosalie grogne, prend son plateau et s'éloigne avec Emmett en remorque. Je suis un peu agacée par la façon dont elle traite son mari. Toujours à subir ses mouvements d'humeur. Ce serait trop demander de prendre un peu sur elle pour changer. Je croise le regard de Jasper, qui lève un sourcil, probablement en réponse à mes émotions. Je le fixe, le mettant au défi de protester. Il lève les mains d'abandon avant de se lever pour retourner en cours avec Alice. Edward attrape mon plateau et le sien et nous partons pour notre cours en commun.

 

La mitose… Dire que c'était un des derniers cours que j'ai donné à mes élèves il y a quoi… dix jours à peine. J'attrape le microscope d'un geste assuré et place la lame mince sur la platine. En quelques secondes, je fais la mise au point et donne mon verdict, tournant l'objectif vers Edward pour qu'il vérifie. Il acquiesce après avoir jeté un coup d'œil, puis écrit la réponse sur le polycopié. Je lui tends la lame suivante avec un air de défi. Décidemment je suis d'humeur joueuse aujourd'hui… Il frôle ma main en rapprochant le microscope, m'électrisant au passage. C'est donc ça le lien entre compagnon. Je souris en regardant ses yeux choqués. Je ressaisissant rapidement il place sa lame mince et identifie rapidement l'anaphase.

 

Je le laisse noter la réponse et passe à la lame suivante, déclarant rapidement :

 

« Interphase ! Normalement la suivante est soit métaphase, soit télophase. 

Tu as bien appris ta leçon, constate Edward. Non, j'ai déjà fait cet exercice. »

 

Des centaines de fois, je faillis rajouter. Il lève ses yeux vers moi en annonçant :

 

« Télophase ! »

 

Je récupère le microscope et vérifie qu'il s'agit bien de la métaphase, puis inscrit la réponse sur la feuille. Edward ne prend même pas la peine de vérifier. Au lieu de ça, il commence un interrogatoire en règle.

 

« Alors tu joues du piano et de la guitare,

Oui et toi ? je demande, même si je connais déjà la réponse. Du piano. Tu joues depuis longtemps ? J'ai pris des cours de piano petite et j'ai appris la guitare en autodidacte quelques temps plus tard. »

 

Il hausse un sourcil, impressionné avant de reprendre ses questions.

 

« Quel est ton compositeur préféré ?

Yiruma, je réponds, non sans un sourire ironique intérieur. J'aime aussi beaucoup, dit-il en souriant, même si Debussy reste numéro un. Oh ! Clair de Lune ! J'aime bien aussi. »

 

Il devient sérieux et constate :

 

« Tu as un accent français impeccable. »

 

Probablement parce que c'est ma langue maternelle, je pense, frustrée de ne pas pouvoir être honnête. Je lui souris pour lui cacher mon humeur.

 

« Il paraît. J'ai une bonne oreille. »

 

Il hoche la tête, un peu sceptique. Voilà que les rôles sont inversés, c'est moi qui invente des excuses foireuses et lui qui soupçonne que je lui cache quelque chose. Et mince ! Je décide d'orienter la conversation sur un terrain moins glissant :

 

« Tu connais bien l'accent français. Tu as déjà été en France ?

Oui, répond-il en acquiesçant surtout Paris et les montagnes. Alpes, Massif Central ou Pyrénées ? »

 

Il se fige quelques secondes avant de répondre :

 

« Le Massif Central, il a moins de monde.

C'est vrai, j'approuve, avant de m'apercevoir de ma boulette. Comment le sais-tu ? J'ai de la famille là-bas. »

 

Il n'a pas l'air convaincu et il faut dire que j'ai sorti la première chose qui me venait à l'esprit. Espérons qu'il n'ira pas faire des recherches approfondies, parce que je suis à près sûre que Bella n'a pas du tout de famille en France. Je déglutis avant que nous soyons interrompus par M. Banner venus vérifier nos travaux. La cloche sonne. Je m'apprête à sortir quand Edward m'attrape le bras. Un courant électrique me parcourt à nouveau le corps. Il me lâche rapidement et me dit d'un ton amer :

 

« Tu m'as demandé de ne pas te mentir, j'aimerai que tu me rendes la politesse.

Je ne te mens pas Edward. »

 

Je te cache juste l'ensemble de la toile de fond, je pense.

 

Il soupire et sors de la salle, le mot « déception » inscrit sur son visage.

 

« Quête principale : Gagner la confiance d'Edward… Récompense : un rendez-vous… Pénalité : cachée… Durée : un mois »

 

Je soupire. Il ne manquait plus que ça ! A la fin de journée, je suis Alice jusqu'à chez elle en camion. Nous faisons rapidement nos devoirs et elle me pousse vers le piano à queue qui traine au centre du salon. Je respire profondément et me lance dans la première chanson qui me vient en tête « Donne-moi le temps » de Jenifer. Ma voix et la mélodie, que je joue, résonnent dans la pièce sans qu'aucun bruit ne se superpose à eux. Je suis prise par la chanson et ne quitte pas le piano des yeux. Quand la dernière note se perd dans le silence, je lève la tête et vois qu'Alice a été rejointe par ses frères, Emmett a un sourire narquois sur son visage, Jasper un regard indescriptible, mais intense, Alice applaudit à tout rompre et Edward me fixe, l'air sérieux.

 

« J'espère que je ne vous ai pas trop cassé les oreilles ? je demande, un peu gênée par toute cette attention.

C'était génial ! s'exclame Emmett. »

 

Alice et Jasper approuve, Edward garde le silence.

 

« Toi en revanche, j'ai dû te percer les tympans…dis-je en regardant ce dernier »

 

Il se lève, s'installe sur le banc à côté de moi. Je commence à me lever, mais il me retient et commence à jouer. Je reconnais « Do you ? » de Yiruma et sourit. Nous échangeons un regard et il comprend que j'ai reconnu la musique. Je me laisse emporter par la mélodie et ferme les yeux. Mon sourire, je l'ai gardé tout le long du retour vers la maison de Charlie. Celui-ci m'avertit que Billy et Jacob passeraient demain soir. Je passe une nuit agitée et me réveille glacée. Quand je me tourne vers la fenêtre, celle-ci est ouverte. Le stalker a commencé son travail !