1 L’alerte

Temps présent

Une alerte sur un arbre qui brûle est souvent là pour cacher que la forêt est en feu

Stephen L'Roy

Pierre François, New York,

Encore une soirée de foutue ! Moi je comptais rentrer à 20 h00 me prendre une pizza et oublier toute la merde que consiste mon travail, mais il a fallu que des zinzins aillent déterrer des corps pour que mes 10 dernières minutes de service se trouvent prolongées. Après l'Iraq et l'Afghanistan, je me disais que le bureau des homicides serait du gâteau, mais j'ai vite déchanté, dans cette ville de New York on voit des choses qui font passer un champ de bataille comme une simple dispute de cours de récré.

Je ne me suis même pas rendu compte que j'étais déjà arrivé et le visage d'enterrement que faisaient les autres agents ne me disait rien qui vaille. Ce fut le sergent Mick qui m'accueillit d'un simple hochement de tête

- Salut Pierre, c'est toi qui hérites de ce merdier

- Selon le chef oui, fais-moi un tableau

- C'est du lourd, j'espère que ta dernière bouffe remonte à longtemps

Il me tendit une cigarette, rien qu'à ce geste je me disais que je n'allais vraiment pas aimer le spectacle et j'en ai eu pour mes frais ; trois cadavres gisaient sur le sol, ou du moins, je devais dire des morceaux de cadavres. L'odeur était insupportable et toutes ces marques sur le mur ne me rendaient pas plus serein.

- Comme tu vois, ils se sont donnés à cœur joie.

- Hum !

- Pour une fois, je suis content qu'on te laisse l'affaire

- Hum !

Je fis signe à Mick que je sortais de cette pièce trop étouffante à mon gout

- Enfin de l'air frais !

- Raconte, qu'est ce que tu as comme info ?

- Les corps ont été retrouvés par deux camés qui cherchaient un coin tranquille pour se piquer.

- Ils ont appelé la police ? Depuis quand ces trous cul s'intéressent à autre chose que leur petite dose à 50 dollars

- Il faut croire que cette scène a de quoi raviver les fibres de l'honnête citoyen.

- Hum et c'est sur moi que cela tombe ?

- Bon je ne vais pas te dire comment faire ton travail, mais cela ressemble à un règlement de compte.

- Tu as remarqué les symboles ?

- Quoi tu penses à quelque chose de rituel

- Je ne sais pas trop. Où sont nos deux veinards ?

- J'ai demandé qu'on les conduise au poste.

- OK, je les verrai demain

- Quoi? Le boss ne sera pas content.

- Va me dénoncer… la scientifique n'aura rien de nouveau d'ici demain et comme tu es de service ce soir je te prends avec moi et je te charge de les identifier nos 3 cadavres.

- Ne me fais pas chier vieux.

- Quand tu seras lieutenant, tu pourras me dire non.

Je montais ma voiture tout en lançant à Mick d'un ton moqueur

- J'attends le rapport demain

Il me fit un doigt d'honneur et lâcha un juron avant d'ajouter :

- J'espère que le prochain corps que je découvrirai sera toi en petit morceau

- Ta femme aura du mal à s'en remettre dans ce cas.

Je ne pris pas la peine d'écouter sa réplique, car je savais qu'elle n'avait rien de flatteur. Je me disais que ma soirée n'était pas totalement à la mer quand ce maudit cellulaire se mit à vibrer

- Bonsoir !!

- Lieutenant François ? me lâcha une voix gutturale

- Oui, à qui ai-je l'honneur ?

- Ougou di wou veye zo wou !

On coupa la communication et je restai là mon sang se glaçant à chaque battement ; cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu le créole et ces mots ne me plaisaient pas. Je composai le numéro de Wu de la scientifique, une métisse afro-asiatique, elle était très douée avec les ordis ainsi qu'avec les hommes.

- Salut ma chérie

- Pierre, que veux-tu ?

- Avoir de tes nouvelles

- À d'autres …Si tu m'avais demandé ce que je portais j'aurais cru que tu voulais avoir de mes nouvelles

- Tu me déçois mignonne, il n'y a pas que la baise dans la vie

- Princ e charmant à deux balles crache le morceau

- OK, je viens de recevoir un appel sur mon cell et la conversation fut guerre plaisante

- Un mari frustré qui décide de te refroidir ?

- Hum et que ferais tu sans moi pour réchauffer tes dimanches

- C'est cela… Attends, je retrace ton tell et je t'envoie ce que je trouve

- Merci petit cœur.

Je raccrochai, en dépit de la gaité que j avais mise dans ma voix, j'étais loin d'être rassuré et ce créole pourquoi ? Cet Ougou rien qu'en le prononçant, cela me faisait froid dans le dos.

Il était 20h00 ce n'est pas l'heure à laquelle on rend visite aux gens ….Bon, c'est la famille ma veille tante Suzanne saura m'éclairer…..

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