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Devastated

J'entendais des éclats de voix et de la porcelaine se briser en de minuscules particules sur le sol en bois du salon. Encore. Je percevais de lourds pas monter les marches, elles aussi en bois, menant à ma chambre. Comme tous les jours. J'appréhendais le bruit de la poignée de porte, ce dernier ne signifiant que de très mauvaises choses. Une nouvelle fois. Je fermais les yeux attendant que la douleur cinglante cesse et que les reproches tarissent. Comme à mon habitude. Et je m'endormais l'esprit torturé, du rouge teintant ma peau et des larmes mouillant mes joues et mes draps. Comme chaque nuit. TW : cette histoire traitera de sujets sensibles tels que des abus physiques. Si vous êtes sensibles ou que vous avez vécu certains traumatismes, je vous déconseille de lire ce qui va suivre. Sur ce, bonne lecture !

Mlnuff · Teen
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8 Chs

Chapitre 1

J'arrivais dans mon lycée, une indifférence feinte sur le visage. Ici j'arborais toujours un masque. Celui de la fille populaire, adulée par sa beauté et sa gentillesse. Ma vie était composée depuis de nombreuses années de deux parties. La première, celle étant l'école et la deuxième chez moi. Deux univers totalement différents. En soit la plupart de mes camarades aimeraient me ressembler, voir même pour certains, me remplacer. Chacun pensait ma vie comme étant celle d'une princesse à papa et maman. Faux.

Mais étant bonne actrice je m'efforçais à garder intacte cette idée qu'ils avaient de moi. Je marchais alors la tête haute dans les couloirs, souriant et saluant mes camarades, pour rejoindre mon cercle d'amis. Malgré les clichés cultivés en ce jour, je possédais peu d'amis. Seuls ceux ayant un réel intérêt me tenaient compagnie. Nous étions proches et je savais que nous nous adorions. Mais je savais aussi que s'il venait à arriver quelque chose à l'un de nous, il serait remplacé par une autre personne. Nous nous aimions d'un amour hypocrite.

Après une brève discussion de forme pour se saluer, nous rentrions tous en cours pour une longue matinée. Rien de véritablement notable, ni de nouveau. Chaque jour se suivaient et se ressemblaient. Métro, boulot, dodo.

La pause déjeuner arriva vite et j'observais mes camarades se ruer en direction du self, la faim les dévorants littéralement. Quant à moi, je prenais mon temps, me ressourçant pendant que personne ne me prêtait réellement attention. Arrivée devant les portes battantes je fermais les yeux et soufflais un grand coup pour ensuite entrer dans ce lieu bruyant.

Les discussions allaient bons trains dans un brouhaha entêtant. Je me saisissais d'un plateau me servant, parmi la multitude de plats, de quelque chose au hasard. Peu m'importais, je n'étais pas compliqué. Je rejoignais par la suite la table avec mes amis et je remarquais une nouvelle personne se trouvant avec eux. Un garçon.

Il n'était pas forcément beau, il était d'apparence banale. Un visage fin, des yeux bruns et des cheveux blonds hirsutes. Il n'était ni musclé, ni particulièrement gros. Il me paraissait simple, tout autant que son t-shirt gris et son jean brut. Il m'apprit alors qu'il s'appelait Léo et que c'était le frère de Marie, une de mes amies. Je ne savais même pas qu'elle en avait un. Il avait un an de plus que nous.

En lui parlant je compris qu'il n'était pas spécialement populaire et plutôt discret. Ou peut-être timide, je ne saurais dire... Je devais cependant reconnaître sa gentillesse. Il souriait beaucoup. J'aimais ça, je sentais sa sincérité. Une chose qui me manquait cruellement...

Dans ma vie je m'étais vite rendue compte que le monde pouvait être sans pitié, aucune. Il vous arrivait de croire en l'amour, en l'amitié ou même simplement en la sincérité. Mais voilà, ce n'était pas aussi évident. La véritable nature des gens revenait rapidement et cela provoquait souvent des dégâts, mineurs ou majeurs. Ouais, l'humain pouvait être pourri.

Arrivait alors l'après-midi tout aussi banale que la matinée. Je ne pensais à rien, vidée de tout. Je me contentais d'écouter et de prendre des notes, telle un robot. Et ce schéma se reproduisit jusqu'à ce que la sonnerie finale retentisse. Vint alors le moment de la journée que je préférais. Mon moment à moi.

Je ne pensais qu'à moi et me détendais, regardant défiler les maisons par les vitres du bus, de la musique jouant dans mes écouteurs. Et pendant ce court laps de temps je me sentais en paix, comme si je pouvais enfin être moi-même. Mais bien vite arriva le moment qui me ramena les pieds sur terre.

Je descendis du bus et marchais quelques minutes avant d'arriver devant une maison à l'allure modeste construit de briques rouges. Je repérais une ombre par la fenêtre, me faisant froncer les sourcils. Je savais que je ne pouvais plus reculer et que je devais rentrer. Alors j'entrais...