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Chapitre 1: La rôdeuse de Tenera

"Arborameth, un endroit ou l'évolution des espèces fut marqué par la brutalité d'un lieu aussi fertile que hostile"

Aïma était une rôdeuse humaine particulièrement agile, dotée de longs cheveux bruns, d'une peau mate et d'yeux bridés en amande qui lui donnaient, selon les critères de son peuple, une grande beauté. Pourtant, son regard sévère trahissait une tout autre facette de sa personnalité. Sa posture de chasseuse, prête à bondir sur sa proie, incitait toute personne curieuse à son égard à se tenir à distance. Personne qui autrement aurait profité de la moindre faille pour la séduire. Ce jour-là, Aïma rôdait dans les bois d'Arborameth, entourée des fameux arbres d'acier, ainsi nommés en raison de leur teinte rougeâtre due aux nombreux minéraux ferreux qu'ils absorbaient du sol. Elle espérait y trouver quelques-unes des richesses que cachait la forêt en son sein. Bien que les bois d'Arborameth soient sauvages et effroyablement dangereux, Aïma, comme quelques autres chasseurs, faisait partie de la très restreinte communauté de personnes capables de les arpenter sans encombre, ou du moins, la plupart du temps.

Ainsi, perchée à une branche, elle attendait le retour de son gibier favori, les bradams. Ils sont de petits cerfs dont les cornes poussent par quatre, deux au-dessus et deux au-dessous de la tête, longeant tout le corps de l'animal en formant d'étranges ondulations. La plupart du temps blancs avec un poil soyeux mélangé à quelques rayures brunes, ces couleurs rendaient l'animal étrangement facile à repérer dans la forêt, autant pour les chasseurs que pour les prédateurs, en faisant alors maigre pitance. Les bradams sont très prisés des humains. La qualité de leurs cornes permet le raffinement de toute sorte d'objet, et le goût dit fabuleux de leur chair rosée, zébrée d'un gras éclatant se caramélisant à la cuisson, en fait un met luxueux apprécié des connaisseurs. Rien que de l'imaginer à sa table faisait frémir d'excitation toutes les hautes sphères de Teneke. C'est pourquoi ces adorables créatures laissaient penser à Aïma qu'elle pourrait bien en tirer quelques profits. Cependant, par nature, les bradams préfèrent s'enfoncer bien plus profondément dans la forêt, ce qui pousse les rôdeurs à doubler d'efforts pour les attraper. Pourtant, récemment, notre rôdeuse comprit que ceux-ci se rapprochaient parfois de la frontière sauvage lors de la période de reproduction. C'est pourquoi elle se trouvait précisément ici, à mi-chemin entre les profondeurs obscures d'Arborameth et les villes humaines. Un endroit où les arbres d'acier, encore jeunes, ne font que quelques dizaines de mètres, et où les prédateurs que l'on rencontre le plus fréquemment sont des loups d'Ardeth, ce qui, pour Aïma, était un risque tolérable. Les loups d'Ardeth sont pourtant des loups de deux mètres incroyablement voraces, attaquant souvent en meute, mais ce que notait la rôdeuse était surtout leur incapacité à grimper aux arbres. Aucune crainte donc pour Aïma, qui de plus maîtrise son terrain.

Elle observait. Elle scrutait les alentours, tentant de ne manquer aucun détail. Car chacun d'eux ici pouvait s'avérer à la fois un grand danger et un précieux trésor. D'ailleurs, elle aperçut, en plissant les yeux, un lézard d'Abom de rouille. Celui-ci semblait inerte, se camouflant dans les couleurs de l'arbre. Ces grands lézards, dormant la plupart du temps, font partie des espèces les moins actives de la forêt. Se nourrissant de tubercules poussant dans les arbres, ils sont particulièrement paisibles et savoureux aux yeux d'Aïma, qui n'ayant pas mangé depuis presque deux jours, en salivait déjà. C'est pourquoi, bien que la patience infinie de la rôdeuse lui conseillât d'attendre une meilleure opportunité, son ventre gargouillant lui rappela qu'elle ne tiendrait pas bien longtemps s'il refusait encore une fois d'écouter son corps. Elle prit donc la décision de se dresser et de brandir son arc. L'Abom n'est pas un animal très vivace, mis à part lorsqu'il perçoit une menace. Il ne se déplace que de quelques mètres dans sa journée.

Cependant, quelque chose l'alerta, et alors qu'Aïma s'apprêtait à tirer sur le lézard, il se mit à courir à une vitesse qui était jusqu'alors inconnue de la rôdeuse. Surprise, elle perdit l'équilibre. C'est avec peine qu'elle réussit à attraper de ses mains la solide branche du majestueux arbre d'acier auquel elle était perchée. Elle s'en voulait terriblement, car une chute pourrait être fatale à cette hauteur. Sans parler du fait qu'Aïma ne rate que très rarement ses proies. Elle s'est rudement entraînée pour cela. C'est donc frustrée et en colère contre elle-même qu'elle remonta d'un bond agile et gracieux. Il ne fallut pas longtemps avant qu'elle ne remarque la raison d'un comportement si étrange du dit Abom. En effet, impossible maintenant d'ignorer les vibrations produites par les pas du gargantuesque Gremörn. 

Cette massive créature de quatre mètres cube possède de solides pattes agiles et musclées, proches en apparence de gigantesques mains humaines vêtues d'une fourrure brune. Son nez absurde en forme de patate occupe la moitié de son visage, et sa mâchoire, n'en mesurant pas moins, laisse peu de place à ses petits yeux minuscules, le rendant presque aveugle. 

Cependant, son nez est encore plus affiné que celui des loups d'Ardeth, et sa mâchoire acérée aux dents recourbées ne laisse aucune échappatoire aux malheureuses créatures faisant l'expérience d'une morsure. Sa capacité relative à grimper aux arbres fait de lui l'un des plus féroces prédateurs que l'on puisse trouver à la lisière de la forêt, malgré sa démarche patibulaire et son air stupide, qui renforcent la sensation tragique de sa rencontre. Car son rire est sûrement la dernière chose que pourront observer ses victimes avant d'être broyées, déchirées et englouties dans les secondes qui suivent. C'est pourquoi elle n'eut pas le temps de se poser la question de la raison de la présence d'un tel prédateur, qui d'habitude peuple bien plus souvent les profondeurs de la forêt, qu'elle devait déjà fuir.

Heureusement, celui-ci ne l'avait pas encore repéré, bien que rien ne puisse échapper longtemps au flair d'un Gremörn. C'est pourquoi, prudemment, Aïma fit un pas devant l'autre afin de s'approcher de l'extrémité de son perchoir. Puis, une fois arrivée, elle fit un petit bond dans le but d'atteindre le suivant. Elle était si proche de la bête désormais qu'elle pouvait entendre les lents mais puissants reniflements de l'animal. Elle écoutait silencieusement chacun d'eux, car à tout moment, ils pouvaient sonner le glas de ce qui serait pour elle une lente agonie. Son sang commençait à bouillir dans ses veines. Si elle n'était pas dans la forêt, elle aurait bien laissé sortir quelques jurons qui, bien que futiles, lui auraient permis d'évacuer quelque peu son stress. Mais elle opta donc plutôt pour l'option d'un long souffle, évacuant tout l'air de ses poumons, suivi d'une grande respiration.

Elle pensa alors, « j'ai vu des Hommes plus laids que toi à Tenera, tu ne m'effraies pas, monstre !». Elle le pensa si fort qu'on aurait pu croire qu'elle marmonnait ses paroles.

L'une des branches sur lesquelles Aima posa son pied émit un craquement métallique. Plus fine que les autres, elle se plia sous le poids de la rôdeuse. Mais l'animal ne réagit pas, et ce, malgré une accélération de sa respiration qui laissait penser qu'il était sur une piste. La tête désormais levée vers les arbres, la créature fit le tour de l'un d'eux. Elle se dressa et allongea ses longues pattes tout le long de l'arbre afin d'en humer les hauteurs. Heureusement, il ne s'agissait pas de l'abri d'Aïma. En revanche, le lézard d'abom ne pouvait en dire autant. Profitant de l'inattention du Grëmorn, Aïma accéléra la cadence. Elle n'avait désormais plus peur de se faire repérer. Le Gremörn, lui, bondit sur l'arbre, tentant d'attraper sa proie, mais elle était déjà bien trop haute pour se faire atteindre. Glissant malgré ses griffes profondément enfoncées dans l'arbre, il tomba. Sa chute émit un puissant son qui faisait ressentir aux êtres alentour tout le poids de l'animal et donc la force de la chute. Pourtant, il se releva avec une facilité désespérante.

Prêt à bondir de nouveau, mais il s'arrêta une seconde, puis huma l'air en tournant lentement son regard. Elle en était sûre désormais. Il l'avait senti. Aussi, se précipitant afin de gagner quelques mètres de plus, sautant de branche en branche, Aïma distançait la bête. Celle-ci n'abandonna pourtant pas sa proie. Têtu, elle fit demi-tour, bien trop intriguée par cette odeur inconnue et cette forme étrange dansant devant ses yeux. Bien plus rapide au sol, seuls quelques mètres les distançaient désormais. Pourtant, Aïma gardait confiance. En observant le saut de l'animal, elle avait compris plusieurs choses, dont le fait qu'il lui était difficile de sauter d'un arbre à un autre comme elle pouvait le faire. Le Gremörn s'en rendait compte lui aussi, peut-être par expérience de la chasse. C'est pourquoi, une fois au pied de l'arbre, plutôt que de sauter comme il l'avait fait auparavant, il fit un petit bond et planta ses griffes dans le tronc de l'arbre, proche de ses racines. Il secoua alors brutalement celui-ci de toutes ses forces. Les arbres de métal, bien trop robustes, ne bougeaient que peu, cependant suffisamment pour rendre les branches impraticables. Alors, elle choisit de prendre de la hauteur, espérant, telle l'Abom, le semer en s'approchant de la cime de l'arbre. L'animal s'arrêta aussi tôt et tenta un bond. Il fut moins haut que le précédent. La créature était encore haletante et ne cachait pas la fatigue de ses efforts. Ainsi, Aïma semblait être en sécurité, bien que condamnée maintenant à attendre que la créature s'épuise. Patient, le Gremörn s'assit, avec toujours son sourire presque moqueur sur le visage, montrant ses dents en forme de crochet.

Des heures passèrent, mais ni Aïma, ni la bête ne bougèrent. La nuit commençait à tomber, ce qui éclaira le ciel d'un sombre bleu violacé que l'on ne voyait que très peu entre les feuillages. De nombreuses plantes bioluminescentes s'allumèrent, parsemant la forêt ici et là d'un air festif aux couleurs féeriques. Dans d'autres conditions, elle aurait pu en apprécier les couleurs, mais elle ne pouvait relâcher son attention. Car cherchant la moindre faille dans l'attention de son prédateur, elle espérait trouver une opportunité. Elle hésitait à tirer des flèches cependant, la faible chance de percer la peau de l'animal l'en dissuadait. Sagement, ils attendirent tous deux plusieurs heures encore. Quand soudain un effroyable grincement métallique se fit entendre. La créature prit ses jambes à son cou. De nombreux autres animaux fuirent le bruit. Jusque-là invisibles aux yeux de tous, ils fuyaient comme si leur vie en dépendait. Aïma, elle, effrayée, était paralysée par la terreur et l'incompréhension. Perchée sur son arbre, elle ne savait que faire.

Plus un bruit ne se faisait entendre, tout était silencieux. Pas même le son du vent sillonnant au travers des arbres. Cela ne la rassurait pas, mais ayant retrouvé ses forces, il fallait qu'elle avance. Après une longue réflexion, elle rejeta l'option de suivre les animaux dans leur fuite, car celle-ci pouvait s'avérer un piège. Les animaux pourraient s'en prendre à elle ou encore le danger pourrait les avoir suivis. Non, aucun bruit ne se faisait entendre et il lui fallait avancer, ce qu'elle fit lentement et prudemment. Ainsi, elle se fit un chemin par-delà les arbres, allant toujours plus au sud sans tout à fait le savoir. Aïma, ayant perdu depuis maintenant quelques heures son orientation, avança ainsi un long moment avant de remarquer quelque chose d'anormal. Comme une sorte de traînée dans le sol. Une traînée gigantesque et continue.

Un serpent, pouvait-il faire cette taille ? Se demanda-t-elle. Quant à l'arbre, il semblait s'être courbé sous le poids de quelque chose, ou avait-il poussé ainsi ? Aïma n'en croyait pas ses yeux, rien de ce qu'elle connaissait n'était capable de tordre un arbre d'acier aussi facilement. S'agissait-il seulement d'une créature ? Quel monstre pourrait faire cela ? Elle comprit que le bruit devait provenir de ces pauvres arbres qui étaient maintenant bien plus semblables à des arches. Aussi, elle réalisa qu'elle n'entendait plus un bruit. Cela ne pouvait signifier que deux choses pour elle : soit le danger était déjà loin, soit il était endormi, ou peut-être même éteint. Bien que ce fût la peur qui l'avait paralysée, c'est la raison qui l'avait poussée à agir. Et à présent, c'était la curiosité d'Aïma, l'un de ces terribles défauts, qui commençait à prendre le pas.

Alors, précautionneusement, tentant de ne faire aucun bruit et de ne laisser aucune trace, elle suivit la traînée marquant le sol. Ce n'est qu'après quelques mètres qu'elle vit un spectacle des plus étranges. En effet, ce qui semblait avoir causé cette fracture profondément ancrée dans la terre se trouvait maintenant devant elle, enfoncé dans le sol. Il s'agissait d'une sorte de rocher dont des impacts semblaient avoir fortement modifié l'apparence. Un petit rocher, bien plus petit qu'un Gremörn. Mais comment une si petite chose avait-elle pu causer tout cela ? Après avoir marqué une pause d'hésitation, comme pour vérifier que l'objet était bien inerte, elle s'approcha afin de l'examiner. Elle remarqua quelques marques qui, comme incrustées dans la roche, ne semblaient pas être là par hasard.

Elle tenta alors de tâter l'objet, de le bouger, voire même de le marteler. Tout ce qu'elle parvint à en conclure, c'est que c'était creux, creux et incroyablement solide. Que pouvait-il bien y avoir à l'intérieur ? Cela commençait à l'obséder, il fallait qu'elle en sache plus. Peut-être même que cette découverte aurait une quelconque valeur si elle pouvait en ramener un morceau. Sortant son couteau, elle donna quelques coups dans ce qui ressemblait à une excroissance. Un toc se fit entendre. Surprise, Aïma tomba au sol alors que la chose s'ouvrait en deux d'elle-même, laissant échapper un long sifflement suivi d'un grand souffle. Aïma se crut morte, comme si l'ouverture qui s'agrandissait encore allait l'engloutir, animée d'un esprit vengeur. Pourtant, rien ne se produisit. Au contraire, Aïma pouvait maintenant contempler des inscriptions mécaniques inscrites à l'intérieur de l'objet ainsi qu'une forme, une forme qui lui semblait plus familière. Car celle-ci ressemblait trait pour trait à un humain, simplement revêtu d'une froide couleur métallique. Inanimé, il gisait là, comme mort. Il fallut quelques secondes avant que le cœur, encore battant au rythme d'une fanfare de son propre cœur, ne ralentisse et que son corps accepte de se lever. Ses yeux encore écarquillés et ses mains tremblantes, elle s'approcha de la capsule et tendit sa main vers l'homme. Elle tentait de trouver son pouls. La texture de la peau de l'homme lui semblait incroyablement douce, douce et froide, mais pourtant aussi solide que l'acier. Elle ne sentit aucun battement, mais elle décida tout de même qu'il fallait le dégager de ce sarcophage. Des câbles attachaient l'homme. Elle les sectionna. Lorsque le dernier câble fut rompu sous les coups de son couteau, l'homme s'effondra et, au moment où sa tête toucha le sol, il fut pris d'un violent, mais bref, spasme. Une sorte de couleur bleutée parcourait désormais son corps. L'homme émit un son étrange et indéchiffrable pour Aïma, qui comprenait pourtant qu'il essayait de communiquer.

"Initialisation : recherche du réseau central de communication échouée. Chargement des connaissances locales : erreur, fichier corrompu. Adoption du protocole de démarrage zéro savoir. Initialisation réussie."

L'être se releva. Les couleurs qui l'avaient éclairé auparavant perdirent de leur intensité. Aïma, elle, peut-être par crainte, brandit son arc. Cependant, l'être sembla ne pas en tenir compte lorsqu'il tourna son regard.

Pensées du robot:

"Analyse confirmé, être complexe découvert"

Aïma ne comprenait pas ces paroles, mais elles ne semblaient pas agressives. Prononcées lentement sur un ton baryton, elles lui donnaient plutôt, au contraire, envie de danser. D'ailleurs, malgré son arc pointé sur le robot, celui-ci gardait une posture neutre, sereine, ouverte à toute attaque. Il se contentait de la contempler, inerte. Cela perturbait énormément la rôdeuse. Elle ne savait pas comment réagir, aussi, au bout d'un instant, elle décida de baisser son arme, puis elle fit un effort de communication en prononçant, curieuse, ses mots.

- "D'où viens-tu et que fait tu ici ?"

Bien sûr, le robot ne pouvait comprendre une langue qu'il venait à peine d'entendre, celle-ci n'ayant plus aucune similarité à la sienne. Il réagit aux paroles d'Aïma en redressant lentement la tête, découvrant un peu plus de larges yeux illuminés d'une faible lueur au teint saphir."

Pensées du robot :

"Langage inconnu détecté."

"Analyse en cours."

Ainsi, le robot ne répondit pas directement par des mots, mais par des gestes. Il se contentait d'imiter Aïma maladroitement. La rôdeuse, ayant abandonné la parole, finit par s'en rendre compte après quelques tentatives similaires à des signes de mains saluant le robot. Cela lui fit marquer une pause. Pourquoi la créature l'imitait-elle ? Elle ne le savait pas, mais elle se dit qu'il l'imiterait peut-être s'il grimpait aux arbres. De là, au moins, il serait plus en sécurité. De même, elle se dit aussi que si le robot la suivait, il pourrait être amené aux villes humaines où elle en apprendrait peut-être plus. Elle s'approcha des arbres, prit son élan et grimpa avec une agilité et une grâce démontrant son entraînement rigoureux et infaillible. Le robot s'approcha alors à son tour. Lui, cependant, attrapa de toutes ses forces l'arbre d'acier, ce qui laissa une marque. Il tenta de lever son corps comme son amie l'avait fait, mais il ne décolla pas d'un centimètre. Pire, il tomba avec un air idiot affiché sur le visage. Quand il se releva, il tenta une nouvelle fois sa chance. Sautant d'abord, s'accrochant à l'arbre ensuite, il glissait et n'y arrivait pas, rien n'y faisait. Il ne semblait pas très agile, ni même, pour ainsi dire, comprendre réellement ce qu'il fallait faire. Pourtant, après quelques essais, il montra des progrès considérables. Il utilisait les cavités qu'il avait laissées par la force de ses doigts comme point d'ancrage, lui permettant d'aller toujours plus haut vers le sommet. Il ne lui fallut pas plus de temps pour arriver à la hauteur de la rôdeuse. Avait-il appris à grimper aux arbres en si peu de temps ? Aïma ne savait pas si elle devait rire de ce spectacle grotesque ou être impressionnée des efforts fournis par la créature. Elle remarqua une suite de lettres qui lui semblait familière, ou du moins prononçable, inscrite sur le robot et décida de l'utiliser comme son nom. Ego. Bien qu'en vérité, il ne s'agissait non pas de lettres, mais de chiffres exprimant son numéro de série.